Thomas PARKINSON

(1832-1898)
Photographe d'atelier
10 photographies

Dieppe Seine-Maritime

 Thomas Burrows Parkinson est né le 4 juin 1832 à Riplay (Angleterre). On ne sait rien de sa carrière dans son pays natal. Plus tard, au verso de ses portraits, il mentionnera ses titres de "Photographer to the Queen" et "Honorable board of admiralty". Moins flatteur, il semble que lors de son passage à Porstmouth, il ait fait quelques dettes. Le 27 juillet 1860, il est convoqué devant la Cour de justice du comté du Hampshire pour commencer l'étude de ses dettes. (1) Parkinson était-il encore en Angleterre à cette date ou avait-il embarqué à New Haven  pour rejoindre  Dieppe après avoir traversé la Manche en neuf heures ?

DIEPPE : C’est sans doute en 1860 que Thomas Parkinson ouvre un atelier de pose dans le port normand où il ne devait pas se sentir trop dépaysé. En 1861, "Le Journal des baigneurs », évoque "l’atelier de M. Parkinson, 7 rue Aguado, sur la Plage, où sont répandues à profusion des cartes de visite et des vues de Dieppe". (2) En s’installant au bord de la plage, près du bazar des Bains, le photographe visait en premier lieu la clientèle des estivants, souvent fortunés, qui venaient passer la saison à Dieppe. C’est ainsi que "Le Figaro" en 1868 le présentera comme "le photographe bien connu de tous les baigneurs aristocratiques". (3) Les Anglais qui séjournaient en Normandie savaient où ils devaient se faire photographier. En 1864 environ, Parkinson accueille dans son atelier trois compatriotes : une jeune fille, son fiancé et son frère. La demoiselle passe la première mais alors qu’elle devait rester immobile, elle fait un petit mouvement qui peut tout gâcher. Parkinson ne prend pas de risque, il retire la plaque litigieuse et en glisse une autre dans sa chambre noire. Puis, c’est au tour du fiancé de poser. L’aide-opérateur se trompe et place dans l’appareil la plaque que son patron avait mise au rebut. Surprise de Parkinson quand il fait un tirage positif du portrait du fiancé ; derrière le jeune homme, on distingue l’image vague, vaporeuse de sa fiancée, « un spectre ». C’est ainsi que dix ans avant Edouard Buguet, Parkinson aurait "inventé" la photographie des spectres, objet de convoitise pour les spirites français que l’escroc Edouard Buguet exploitera sans vergogne. (4) Bon portraitiste, sans doute le meilleur à Dieppe au XIXe siècle, Parkinson est le photographe attitré des notables de la ville. C’est dans son atelier, en juillet 1880, que se réunissent les fondateurs du club nautique de Dieppe. (5) En 1888, en plus des yachtmen et des amateurs de courses hippiques, Parkinson voit entrer dans son atelier deux vélocipédistes anglais qui ont décidé, sur leur tandem, d’aller de Londres à Paris et retour. Quand ils traversent Dieppe, ils ne descendent de leur machine "qu’à l’établissement de M. Parkinson bâti au pied du vieux château. Nous eûmes notre photographie prise ; et, après cela, une pleine eau de mer, ce qui nous prépara pour le thé… » (6)

 Après avoir longtemps opéré rue Aguado, Parkinson poursuivra sa carrière 18, quai du Hâble. (7) C’est là  qu’il décèdera le 24 décembre 1898 à l’âge de 66 ans.

Le photographe rouennais Henri Truptil lui succédera.

 Pour rédiger cette notice, j’ai fait mon miel des informations que m’a transmises Pascal Cordonnier.

Sources :

(1) « The London Gazette » du 6 juillet 1860.

 (2) Gallica - « Le Journal des baigneurs » du 4 juillet 1861. La Bibliothèque nationale de France a mis en ligne les exemplaires qu’elle conserve, soit les années 1861 à 1864. La bibliothèque de Dieppe possède la collection du « Journal des baigneurs » du 1er juillet 1858 au 16 décembre 1869.

(3) Gallica - « Le Figaro » du 25 septembre 1868. Lors d’un séjour à Paris avec son épouse, Thomas Parkinson fut heurté par un fiacre qui le traîna sur plusieurs mètres.  Accident sans gravité si ce n’est qu’un pickpocket en profita  pour le délester de son porte-monnaie. En contrepartie, le « photographe des baigneurs aristocratiques » y gagna un article à la une du « Figaro ».

 (4)  Gallica - « Le Figaro » du 10 août 1875. Cet article a été publié au moment où le procès du « photographe spirite » Edouard Buguet pour escroquerie passait en appel.  Cependant, contrairement à ce qu’écrit le rédacteur du « Figaro », Buguet ne s’est pas directement inspiré de l’épreuve ratée par Parkinson dix ans plus tôt mais du travail du photographe américain William Mumler.

 (5) Gallica – « La Presse » du 25 juillet 1880.

 (6) Gallica - « Le Véloce-sport » du 3 mai 1888.

 (7) C’était l’adresse de l’atelier de Martyros Contadzian qui a vendu son mobilier en novembre1890 quand il a quitté Dieppe..