Nicolas SIDROT

(1838-?)
Photographe d'atelier
1 photographie

Evreux eure Soissons Aisne

Nicolas Sidrot (1) est né le 9 janvier 1838 à Bulgnéville (Vosges) où son père était menuisier et sa mère brodeuse. En octobre 1858, âgé de 20 ans, alors employé des postes, il ouvre un livret à la caisse d’épargne de Soissons (Aisne). (2) Trois ans plus tard, il travaille dans les bureaux du service de l’Enregistrement quand il se marie le 11 novembre 1861 à Fère-en-Tardenois (Aisne) où son épouse Héloïse Augustine Vidal est lingère. Le couple aura deux filles nées à Soissons en 1863 et 1867 ; l’aînée sera prénommée Héloïse-Augusta et la cadette... Augusta-Héloïse.

SOISSONS : Septembre 1870, après que Napoléon III a capitulé à Sedan, l’armée prussienne se dirige droit vers Paris et passe à côté de Soissons. Située au fond d’une cuvette, "véritable nid à obus", la ville n’est pas un obstacle à l’avancée de l’armée prussienne qui en fera quand même le siège. Bombardée trois jours de suite, la ville capitule le 16 octobre. (3) Se rendant sur place deux ans plus tard, un journaliste parisien constate que "les industries d’avant-guerre ont souffert pendant le siège. Le bombardement et le chômage les ont rudement atteintes". Passant rue de la Buerie, le journaliste relate que "dans un vaste magasin, hier encore trouée par le bombardement, la mode s’est élevé un temple gracieux, un autel coquet... le goût français a vaillamment planté son drapeau en ce logis crevassé par MM. les Vandales. C’est une Soissonnaise, Mme Sidrot qui a remporté cette victoire. Et pendant qu’elle faisait du rez-de-chaussée un écrin digne des trouvailles de la mode, son mari installait avec art, à l’étage supérieur, ses ateliers de photographie, y réunissait la clientèle de trois maisons à succès et s’ingéniait -dans cet édifice si cruellement bombardé- à rassembler une série de vues remarquables, les souvenirs du bombardement !" (4) Bien que cet article ait un petit relent de publicité rédactionnelle, il nous apprend quand même que Nicolas Sidrot en 1872 était photographe professionnel rue de la Buerie. Parmi les "trois maisons à succès" qu’il avait réunies devait se trouver celle de Brismontier le grand photographe de Soissons sous le Second Empire. Sans doute moins talentueux que son prédécesseur, Sidrot ne sera actif que quelques années à Soissons. Il aurait quitté la ville en 1877. (5)

EVREUX : A une date qui reste à préciser, Nicolas Sidrot s’installe à Evreux (Eure) où il sera le gérant de la Maison Berthaud. Le photographe Michel Berthaud, dont l’établissement principal était situé 9, rue Cadet à Paris, avait ouvert au fil du temps pas moins de huit succursales en province. (6) Certaines n’eurent qu’une brève existence ce qui ne sera pas le cas de celle d’Evreux. Dans la préfecture de l’Eure, la Maison Berthaud se trouvait 48, boulevard Saint-Jean qui deviendra en 1885 le 48, rue Victor-Hugo. Cette succursale, ainsi que celle de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais) est mentionnée au dos d’un portrait daté d’avril 1875. A cette date, Nicolas Sidrot était encore à Soissons. Ce n’est que plus tard qu’il travaillera à Evreux sous la direction de Berthaud dans un atelier placé à l’enseigne « Photographie Artistique de l’Eure ». Au dos des portraits faits rue Victor-Hugo, Sidrot mentionne « des succursales dans les départements de l’Eure et de l’Orne » sans autre précision.  Le 5 mai 1891, à la mairie d’Evreux, Héloïse Augusta Sidrot, (1863-1902) fille aînée de Nicolas, épouse son cousin Albert Sidrot (1866-1938), photographe. (7)  Il est le fils de Jules Sidrot (1834- ?) frère de Nicolas.  Jules, après avoir été menuisier,  était devenu photographe à Bulgnéville (Vosges), sans doute aiguillé vers ce métier par son cadet. Après leur mariage, le couple Sidrot déménage à Bernay (Eure) où Albert Sidrot sera photographe sans faire de concurrence à son beau-père ; Evreux et Bernay étant distantes de plus de quarante kilomètres.

Nicolas Sidrot a été actif à Evreux jusqu’à la fin du XIXe siècle. C’est probablement en 1900 que la Maison Berthaud a été reprise par le négociant nantais Gustave Gueudet qui est recensé 48, rue Victor-Hugo en 1901. Nicolas Sidrot et son épouse passeront leur retraite route de Breteuil à Evreux où ils étaient domiciliés en 1911.

Notes et sources :

(1) Sur ses actes de naissance et de mariage, il est prénommé Nicolas mais Auguste Nicolas sur l’acte de mariage de ses filles.

(2) Gallica « Journal officiel de la République française » du 30 juin 1890.

(3) Wikipedia   Siège de Soissons (1870).

https://fr.wikipedia.org/wiki/Si%C3%A8ge_de_Soissons_(1870)

(4) Gallica « Le Petit Moniteur universel » du 16 août 1872.

(5) Jean-Marie Voignier « Répertoire des photographes de France au XIXe siècle » (1993)

(6) Berthaud aurait ouvert une succursale à Louviers (Eure) qui n’a pas laissé de trace.

(7) Albert Dietrich, photographe à Dreux (Eure-et-Loir), était témoin à ce mariage comme il l’avait été en 1885 lors du mariage de la fille cadette de Nicolas Sidrot. Dietrich avait débuté sa carrière de photographe boulevard de la Gare à Dreux en 1881 où il avait repris la succursale de la Maison Berthaud à moins que Michel Berthaud n’ait vendu à Dietrich le fonds de commerce dont celui-ci était précédemment le gérant.