Victor BECKERS

(1830-1902)
Photographe d'atelier
3 photographies

Doubs Besançon

Charles Victor Beckers est né le 26 avril 1830 à Moscou (Russie). (1) On ne sait où il a vécu ni où il s’est formé au métier de photographe qu’il a exercé pendant six années à Besançon (Doubs).

BESANCON : Son atelier de pose, rue Mairet - place Granvelle, ouvre le 15 décembre 1862. Dans la presse locale, Victor Beckers se flatte d’avoir créé "un établissement photographique dans un style moderne et conforme aux exigences actuelles de cette admirable branche de l’industrie. (2) Cinq années d’expérience et certains spécimens jugés remarquables par les maîtres de l’art son autant de garanties de la perfection de son travail. S’étant appliqué à donner à son établissement tout le confort possible, le rendant accessible au monde élégant, il espère être honoré d’une nombreuse clientèle. Mme Victor Beckers est spécialement chargée de recevoir les dames." (3) En fait, il n’y avait pas de Mme Beckers. Le photographe n’avait pas épousé sa compagne Marie Souverain avec laquelle il est recensé rue Neuve en 1866. Trois ans plus tard, Victor Beckers quitte Besançon et met fin à sa carrière de photographe. (4) Il entretenait une liaison avec une domestique, Jeanne Claude Thomas, (5) qu’il épousera à Paris (18e) le 18 novembre 1869. Après leur mariage, les Beckers vivent quai de la Gare à Paris (13e) où naîtront leurs garçons Paul André en 1871 et Charles Louis en 1872. (6) Ensuite, ils déménagent à Quenoche (Haute-Saône), commune natale de Mme Beckers. C’est là qu’elle mettra au monde sa fille Andréa en 1874. Sur l’acte de naissance, Victor Beckers est qualifié de photographe. Dans un village de 150 habitants, c’était plutôt symbolique. Rentier, il est décédé à Quenoche le 16 juillet 1902.

 Notes et sources :

 (1) En 1892, sur le registre matricule du fils cadet du photographe, il est indiqué que Charles Louis Beckers était né en France d’un père étranger. Né en Russie, Charles Victor Beckers n’aurait jamais demandé à être naturalisé français ?

 (2) En vantant le « style moderne » de son établissement, Beckers cherchait sans doute à se démarquer d’Alphonse Truchelut, son plus sérieux concurrent, qui dans ses annonces publicitaires rappelait qu’il avait été l’élève de Daguerre en 1840. Une référence qui, sous le Second Empire, datait un peu.

 (3) Gallica « L’Union franc-comtoise » du 10 décembre 1862.

(4) Plusieurs années après le départ de Beckers, c’est le photographe Alfred Boname qui opérera 3, rue Mairet.

 (5) Dans son livre de souvenirs « Mon vieux Besançon » Gaston Coindre, qui a bien connu Victor Beckers, écrit ceci : « Singulière aventure : le photographe Beckers, riche de son patrimoine, amené là par le hasard d’une fantaisie, était fou, fou à lier. Pendant six années d’accalmie il vécut à Besançon, prospère, estimé, accueilli de tous, recevant à sa table le meilleur monde que charmaient son goût d’art et ses grandes manières. Et puis, un triste jour, l’aliénation eut un retour d’extravagance désormais incurable. L’accès, conjuré depuis longtemps par une compagne dévouée, aboutit à un mariage ancillaire, légitime, hélas ! qui perpétua sa démence au fond d’une ferme de la Haute-Saône. Parfois s’échappant de cette misérable servitude, revêtu de ses bons habits d’autrefois, il revenait me demander une hospitalité que, le plus souvent, je dus lui offrir à Bellevaux. Sa première compagne, navrée, mourut de cet abandon d’amour en dix-huit mois. La famille de la pauvre femme était à Paris de robe et de lettres ; celle de Beckers, en Russie d’un haut rang – je les ai connues toutes deux – et l’infortuné, son désastre coïncidant avec les évènements de 1870, fut traité d’espion prussien… »

Mémoire vive – patrimoine numérisé de Besançon

https://memoirevive.besancon.fr/ark:/48565/jtrmx7p8czwn/18dab2de-8233-454e-afde-0f00b8841b19

(6) Geneanet - Roger Chipaux - Généalogie des photographes franc-comtois.