Louis LEVEQUE DE MAUPUY

(1837-xxxx)
Photographe d'atelier.
1 photographie

Bruxelles - Spa Belgique Chinon Indre-et-Loire

Adolphe Louis Alexis Joseph Lévêque de Maupuy est né le 9 janvier 1837 à Boussu (Belgique). Chimiste, il épouse le 18 septembre 1862 à Spa (Belgique) Marie Julienne Sody qui n’a que 17 ans. (1) L’aîné de leurs cinq enfants naît à Spa le 1er juillet 1863. Quatorze mois plus tard, Louis Lévêque de Maupuy est chimiste à Paris quand son épouse accouche le 1er septembre 1864 d’un garçon qui ne vivra qu’un mois.  Que le chimiste se soit aiguillé vers la photographie n’a rien de surprenant. En revanche, qu’il ait exercé ce métier à Chinon, sous-préfecture d’Indre-et-Loire de 6 900 habitants, plutôt qu’à Paris ou en Belgique étonne.

CHINON : En mai 1865, "Le Journal de Chinon" annonce l'arrivée prochaine de M. Lévêque de Maupuy artiste photographe de Paris. (2) Il s'installe à partir du 20 mai rue Haute Sainte-Maurice à Chinon (Indre-et-Loire). En juin 1866, le photographe et son épouse sont recensés rue de la Chapelle du Pont. La date à laquelle ils ont quitté Chinon n’est pas connue.

BRUXELLES - PARIS : En 1869, le photographe vit à Bruxelles non pas avec son épouse légitime mais avec sa maîtresse Henriette Rudolf.  Plutôt que de faire des portraits, Lévêque de Maupuy s’est lancé dans la vente clandestine de « La Lanterne », la revue satirique d’Henri Rochefort, très critique à l’égard de Napoléon III. (3) Interdite à la vente publique en France, elle s’y écoule à bon prix sous le manteau. A Bruxelles, le photographe achètet 40 fr un lot de cent exemplaires qu’il revendra 90 fr à Paris. Imprimée au format 14,5 x 10 cm, la revue est très facile à cacher sous ses vêtements. Lévêque de Maupuy en dissimulait dans les poches de son gilet de flanelle et de sa ceinture. Quant à Henriette Rudolph, elle glissait pas moins de 170 exemplaires de « La Lanterne » dans les huit grandes poches qu’elle avait cousues à son jupon.  Et quel gendarme ou douanier aurait eu l’impertinence d’aller retrousser la jupe d’Henriette.  Sans se livrer à ses privautés, la police finit par démasquer le couple et leurs quatre complices. En mars 1869, ils comparaissent tous les six devant le tribunal correctionnel de Paris. (4) Le photographe écope de quatre mois de prison et de 500 fr d’amende ; peine réduite à deux mois de prison et 200 fr d’amende pour Henriette.

PARIS : En 1871, Lévêque de Maupuy vit à Paris dans le quartier des Batignolles.  Bien que de nationalité belge, il est élu commandant du 5e escadron de la garde nationale à cheval avec le grade de capitaine. Opposée à la capitulation de Paris, la Garde nationale entre en dissidence. Elle sera un acteur important de la Commune de Paris qui débute le 18 mars 1871 et s’achève en mai avec la « Semaine sanglante ».  La répression fera environ 10 000 victimes.  Les communards arrêtés par l’armée seront jugés par 26 conseils de guerre. Lévêque de Maupuy passera devant le 4e qui siègera à Versailles à partir du 10 août 1871. Pendant les quatre années qui suivent, ce conseil de guerre prendra pas moins de 4665 décisions. On ignore quelle peine fut infligée à Lévêque de Maupuy pour laquelle il obtint une grâce. (5)

SPA : Le 22 juillet 1871 à Spa, Marie Lévêque de Maupuy, émailleuse en photographie, met au monde son fils cadet prénommé Alphonse.  On suppose qu’à cette date, son mari était encore détenu en France dans une prison en l’attente de passer devant le conseil de guerre.  Après avoir été gracié, il revient à Spa où il sera photographe promenade des Sept heures. Les portraits faits dans cet atelier sont signés L. Lévêque de Maupuy & Cie – Photographes. On ne sait avec qui il s’était associé.  La plus jeune de ses filles naît à Spa le 26 janvier 1876. A cette date était-il encore photographe ? et sinon quel métier Louis Lévêque de Maupuy exercait-il pour faire face à ses charges de famille ?

Sources :

(1)  Pierre-André Henrard, descendant de Marie Sody, épouse du photographe.

(2) « Le Journal de Chinon » du 11 mai 1865. Les Archives départementales d’Indre-et-Loire en conservent une collection incomplète que j’ai consultée sur place.

(3) Wikipedia « La Lanterne » (journal).

https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Lanterne_(journal)

(4) « La Gazette des tribunaux » du 21 mars 1869. Consultable en ligne sur Paprika – Bibliothèque numérique de l’Ecole nationale d’administration pénitentiaire (ENAP). Voir aussi sur RétroNews « La Gironde » du 24 mars 1869.

(5) « La répression judiciaire de la Commune de Paris : des pontons à l’amnistie (1871-1880).

https://communards-1871.fr/index.php?page=presentation/historique

Le Service historique de la Défense conserve les dossiers des conseils de guerre qui ont jugé les communards. Celui devant lequel est passé Louis Lévêque de Maupuy porte la cote 8J140. Son dossier de grâce se trouve aux Archives nationales sous la cote BB/24/858. Je n’ai consulté ni l’un ni l’autre.

Notice mise à jour le 30 juillet 2023.