Firmin LAVESSIERE (LAVEISSIERE)

( 1802 ?-1875)
Artiste dramatique puis photographe
1 photographie

Paris Seine Versailles Yvelines

Jean-Baptiste Alphonse Lavessière (ou Laveissière) serait né le 26 décembre 1802 ou 1803 à Paris (1) où son père était chaudronnier avant de devenir le fontainier de Son Altesse Royale le duc d’Orléans.  Le 30 mai 1832, son fils qui est chaudronnier domicilié à Versailles (Yvelines), épouse à Paris Augustine Joséphine Persoons, âgée de 17 ans et sans profession. A une date qui reste à préciser, Jean-Baptiste Lavessière abandonne la chaudronnerie pour devenir artiste dramatique sous le nom de Firmin (2) ; sa jeune épouse, artiste elle-aussi, jouera la comédie sous le nom de Mme Firmin.

FIRMIN S’EN VA A JAVA : Au printemps 1842, Firmin est contacté par Minard, entrepreneur de spectacles, qui forme une troupe d’artistes (comédiens, chanteurs, danseurs) qui ira se produire à Batavia, (aujourd’hui Djakarta) sur l’ile de Java, alors colonie néerlandaise. Firmin est engagé pour deux années à titre de deuxième ténor pour le chant et de jeune premier pour la tragédie et la comédie avec des appointements annuels de 5,625 francs et une demi-représentation à bénéfice, évaluée à 1,200 francs. (3) Minard et sa troupe embarquent à Bordeaux. Quatre mois plus tard, ils atteignent Batavia où, par chance, Minard trouve un théâtre qui pourra l’accueillir. On ignore quelles pièces du répertoire français Firmin et ses collègues ont interprétées devant un public qui, pour l’essentiel, devait être composé de Hollandais et de Chinois. Au début, Minard peut se féliciter du succès de son entreprise mais le climat quasi équatorial de Java a des effets dévastateurs sur sa troupe. Bientôt il doit se passer de son chef d’orchestre, du baryton, de la basse-taille et d’une danseuse. Du coup, Minard laisse en plan ses artistes et part à Calcutta monter un autre spectacle. Désemparé et sans ressource, Firmin s’embarque comme matelot sur un navire marchand et revient en France où il restera huit mois au chômage avant de se produire à Reims puis à Genève.  Ayant appris que Minard, qui avait fait de bonnes affaires à Calcutta, était de retour à Paris, il lui fait un procès pour rupture abusive de contrat.  En première instance, Minard est condamné à verser 4,000 francs à Firmin ; jugement qui est confirmé en appel en janvier 1846. (4)

FIRMIN SE SEPARE DE LA FEMME ADULTERE : En signant son engagement, Firmin savait que son épouse allait vivre seule pendant deux longues années. Dans le milieu des théâtres où évoluait Mme Firmin, c’était tenter le diable. De fait, elle l’a trompé. La preuve en fut une petite fille conçue alors que l’époux légitime jouait la comédie à cinq mille lieues de là. Le 6 août 1844, Firmin obtient un désaveu de paternité puis, en mai 1845, une séparation de corps. (5) En outre, Mme Firmin est condamnée à quatre mois d’emprisonnement pour adultère. A-t-elle purgé sa peine ? (6)

FIRMIN DAGUERREOTYPEUR : Est-ce parce qu’il était trop vieux pour jouer les jeunes premiers, Firmin abandonne la scène. Désormais il fera des portraits au daguerréotype. Fin décembre 1849, il opère rue de la Paroisse à Versailles, la ville où il vivait quand il s’était marié en 1832. Aux lecteurs de  « La Concorde de Seine-Oise » qui cherchent un cadeau d’étrennes à faire leurs proches, Firmin, propose ses portraits au » Daguerréotype coloré - Ressemblance garantie à des prix modérés de 4 à 20 F. On opère dans un appartement chauffé et par tous les temps ». (7) Mais Firmin, artiste en Daguerre, a surtout travaillé à Paris : 13bis, passage Verdeau puis 9, boulevard des Italiens vers 1854

FIRMIN LAVEISSIERE PHOTOGRAPHE : En 1857, Firmin est photographe quand il participe à la deuxième exposition de la Société française de photographie qui se tient 35, boulevard des Capucines. Associé à son collègue Lassimonne, il présente trois épreuves au collodion sec dont un enfant d’après nature. (8) Si l’on croit le catalogue, Firmin exerçait au n°11 rue Rochechouart. Il opérera ensuite au n° 3 de la même rue dans un atelier situé au 2e étage de la Maison des Bains. C’est là qu’il est domicilié quand Augustine Persoons, l’épouse dont il était séparé depuis plus de vingt ans, décède à Versailles le 16 août 1866. Trois mois plus tard, le 8 novembre.1866, le photographe se marie avec sa compagne Marie Carrière qui avait trente ans de moins que lui. Elle lui donnera un fils, prénommé Napoléon François, qui ne vivra que quelques jours en juillet 1867.  Firmin Laveissière a sans doute eu une petite activité de photographe rue Rochechouart jusqu’à son décès à l’hôpital Bichat le 21 septembre 1875. Sur son acte de décès, il est prénommé Firmin au lieu de Jean-Baptiste Alphonse et âgé de 76 ans.

Notes et sources :

(1) Geneanet – Généalogies d’artiste lyriques (café-concert) par Zélidoy. Sur son acte de mariage le 8 novembre 1866 à la mairie du 9e arrondissement, il est précisé que Jean Baptiste Alphonse Lavessiere, âgé de 62 ans, est né le 5 nivôse an XI soit le 26 décembre 1803.  Une erreur de concordance qui le rajeunit d’un an puisque dans le calendrier grégorien le 5 nivôse an XI équivaut au 26 décembre 1802.  Par ailleurs, sur son acte de décès le 21 décembre 1875, le photographe était réputé avoir 76 ans et serait donc né en 1799.

(2) Au XIXe siècle, plusieurs comédiens français ont joué sous le nom de Firmin.

(3) Wikipedia : La représentation à bénéfice est une technique de rémunération des artistes en usage aux XVIIIe et XIXe siècles. Le contrat qui liait un comédien ou un chanteur à son théâtre pouvait prévoir de laisser à l’artiste, à la fin de ce contrat  le « bénéfice » d'une de ses dernières ou de sa dernière représentation.

(4) Ecole nationale d’administration pénitentiaire (ENAP) – Bibliothèque numérique Paprika « La Gazette des Tribunaux » des 29 janvier 1845 et 26 janvier 1846.

(5) RetroNews « Le Droit » du 31 mai 1845

(6) Sous le nom de Mme Firmin, Augustine  Persoons a joué jusqu’en 1865 sur la scène de divers théâtres de province et en Belgique. (Gallica – Henry Lyonnet « Dictionnaire des comédiens français. Ceux d’hier »).

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2137871.texteImage

On ne sait si Augustine Persoons avait un lien de parenté avec Isabelle Persoons (1848-1929) sociétaire de la Comédie-Française entre 1885 et 1914.

(7) « La Concorde de Seine-et-Oise » du 23 décembre 1849. Consultable en ligne sur le site des Archives départementales des Yvelines.

(8) Le catalogue de l’exposition est en ligne sur le site de la Société française de photographie. https://sfp.asso.fr/collection/images/pdf_cata/1857_expoSFP_FSFP_0453bib_.pdf.