Antoine CLAUDET

(1797-1867)
Daguerréotypiste et photographe
9 photographies

Londres Royaume-Uni

Fils d’un négociant, Antoine François Jean Claudet est né le 18 août 1797 (1er prairial an V) à La Croix Rousse (Rhône), commune rattachée à Lyon en 1852. On ne sait rien des études que le jeune Claudet a faites dans sa ville natale. Elles lui ont permis, à l’âge de 25 ans, de diriger une manufacture à Choisy-le-Roi (Val-de-Marne).

LA MANUFACTURE DE VERRE : En 1821, Antoine Claudet épouse à Londres (Grande-Bretagne) Julie Bourdelain. Les deux aînés du couple naissent à Choisy-le-Roi : Anne Marie le 3 juin 1824 ; Just Frédéric le 22 mars 1826. A Choisy, Claudet est à la tête d’une manufacture de verre fondée par Ponce Grimblot qui avait fait faillite en 1823. (1) A l’origine, l’entreprise ne produisait que des verres à vitre et des verres bombés. Le directeur de la verrerie est Georges Bontemps (2) qui, en 1839, épousera la nièce d’Antoine Claudet. Un recensement fait à Choisy-le-Roi en 1825 donne la liste du personnel de la manufacture dont plusieurs verriers lorrains (Baccarat, Saint-Louis) ou anglais. (3) A la fin des années 1820, Claudet part en Angleterre y développer sa manufacture. Ses deux plus jeunes fils Henry et Georges Francis y naissent en 1829 et 1830. Le 5 septembre 1834, "M. Claudet, négociant à Londres faisant élection de domicile à la verrerie de Choisy-le-Roi" dépose une demande de brevet d’invention à l’Institut national de la propriété industrielle "pour une machine à découper et à dresser les globes de verre dits cylindres, ronds, ovales et carrés… " (4)

 LE DAGUERREOTYPE : En août 1839, Louis Daguerre présente son invention à Paris. La nouvelle se répand comme une traînée de poudre. Claudet s’y intéresse. Très vite, il traverse la Manche. Selon les sources, il aurait pris des leçons soit auprès de l’opticien Lerebours ; soit auprès de Daguerre lui-même. Celui-ci lui aurait cédé la licence d’exploitation du daguerréotype en Angleterre pour 200 livres. (5)  Le Français est l’un des premiers à faire des portraits au daguerréotype à Londres. A partir de 1841 et pendant dix ans, il opère dans la Daguerreotype room située sur le toit de l’Adelaide Gallery. Un atelier réputé. On vient de loin s’y faire photographier. En 1846, c’est le physicien danois H. C. Orsted, de passage à Londres, qui pose dans la Daguerreotype room. (6) Cependant, Claudet ne se limite pas à faire le commerce de portraits, il travaille à l’amélioration du procédé. Il découvre l’action accélératrice des chlorures de brome et d’iode « qui permettait de prendre des portraits au daguerréotype dans le même nombre de secondes qu’il fallait jusque-là de minutes ». Il présente sa découverte le 10 juin 1841 à la Royal Academy of Science (7). Réduire le temps de pose était le premier souci des professionnels à cette époque, surtout quand ils devaient daguerréotyper le roi de France. (voir ci-dessous). En 1851, la photographie stéréoscopique est mise au point par Jules Dubosq et  David Brewster, Claudet cherche à l’améliorer et fait des essais concluants dans son atelier londonien (8). De cette époque, il nous reste un autoportrait avec son fils Francis George et un autre où ce dernier pose torse nu. Ces daguerréotypes stéréoscopiques seraient datés de 1855 ou 1856 ; années charnières pendant lesquelles la photographie sur papier allait progressivement remplacer le daguerréotype. Claudet s’en inquiétait déjà en mai 1852  « Les portraits au collodion me font trembler pour le daguerréotype ».(9)

DAGUERREOTYPER LE ROI DE FRANCE : Le 7 mars 1841, c’est à Daguerre en personne que Louis-Philippe demande de faire son portrait au daguerréotype. La séance de pose a lieu au pavillon de l’Horloge "Louis-Philippe, la face tournée du côté du soleil, et les deux bras croisés sur la poitrine, était assis dans un fauteuil or et bleu de ciel, et les pieds reposaient sur un coussin de velours violet. Pour cette pose, Louis-Philippe était en habit noir, cravate blanche, et sans chapeau. Cette opération, pour laquelle on s’est servi d’un daguerréotype de nouveau modèle, n’a duré que trois minutes et demie. Pendant ce temps, Louis-Philippe a conservé une immobilité complète". (11) Deux ans plus tard, le 15 avril 1843, ce sont Claudet et Nicolas Lerebours qui se rendent au château des Tuileries daguerréotyper le roi assis sur la terrasse. "En moins d’un quart d’heure, quinze excellents portraits ont été produits" (12) Ce que confirme Lerebours : "Lorsque nous fûmes admis, M. Claudet et moi, à faire le portrait du roi et d’une partie de la famille royale, le temps était voilé par des nuages blancs extrêmement lumineux. A deux mètres des fenêtres immenses qui donnent sur le jardin (c’est-à-dire au couchant), il nous fallait avec les appareils 1/4 à double objectif, 85 secondes. Toutes les circonstances restant les mêmes, mais en plein air, sur la terrasse Philibert de Lorme, 15 secondes nous suffisaient. Aussi produisîmes-nous à cette exposition, plusieurs bons portraits en moins d’un quart d’heure". (13) Les portraits au daguerréotype du roi Louis-Philippe et de la reine Amélie sont conservés aux Archives nationales.

LA PHOTOGRAPHIE : A partir de 1851, Claudet, photographe ordinaire de la reine Victoria, opère dans un studio situé 107 Regent Street qu’il a dénommé "Le Temple de la Photographie". Dans ce temple, il aurait réalisé pas moins de 1 800 portraits chaque année. Antoine Claudet est mort à Londres le 27 décembre 1867. Quelques jours plus tard, son atelier de Regent Street brûlait dans un incendie. (10) Toutefois, on trouve des portraits signés de son fils Henri, faits à cette même adresse, du vivant de son père ? ou après ?

 

Sources :

-       L’Encyclopedia britannica, que nous n’avons pas consultée, contient  une notice sur Antoine Claudet.

-       Wikipedia - Notice sur Antoine Claudet illustrée d’un autoportrait.

-       « Le daguerréotype français – Un objet photographique » Catalogue de l’exposition présentée au musée d’Orsay en 2003. Ouvrage collectif sous la responsabilité scientifique de Quentin Bajac et Dominique Planchon-de-Font-Réaulx.

(1)   « Choisy-le-Roi – ville de verre ». Exposition à la bibliothèque Aragon en décembre 2011. https://www.choisyleroi.fr

(2)   Georges Bontemps est l’auteur du « Guide du verrier – Traité historique et pratique de la fabrication des verres, cristaux, vitraux (1868). Danielle Velde lui a consacré deux études publiées dans « Une petite encyclopédie du verre - volume 15 n°3 juin 2009 et n° 4 septembre 2009 :  Georges Bontemps, verrier (1799-1883) et Georges Bontemps et la verrerie de Choisy-le-Roi (1820-1847).

(3)   Recensement mis en ligne par les Archives départementales du Val-de-Marne.

(4)   Institut national de la propriété industrielle (INPI) – base brevets du XIXe siècle. Brevet 1BA4849 délivré le 6 février 1835. Trente ans plus tard, en 1865, Claudet, qui est photographe à Londres, dépose une demande de brevet à l’INPI pour un procédé de photosculpture (1BB65834).

(5)   Paul Marillier « Daguerre – Claudet – Lerebours : l’éclosion du daguerréotype instantané »  collodion.claude-marillier.net

(6)   Portrait conservé au Danmarks Tekniscke Museum d’Elseneur. Il est reproduit dans « Paris et le daguerréotype » catalogue de l’exposition organisée par le musée Carnavalet en 1989.

(7)   Cité par Marie Sophie Corcy in « Le daguerréotype français – Un objet photographique »   

(8)    Dominique Planchon-de-Font-Réaulx in « Le daguerréotype français – Un objet photographique ».

(9)    Paul-Louis Roubert : « Le daguerréotype en procès – Le déclin de la pratique du daguerréotype en France in « Le daguerréotype français – Un objet photographique ».

(10)   Wikipedia – Notice Claudet

(11)  « Le Publicateur des Côtes-du-Nord » du 20 mars 1841 mis en ligne par les Archives départementales des Côtes d’Armor. A cette époque, les journaux de province reprenaient, souvent sans les citer, des informations publiées dans la presse parisienne.

(12)  Gallica - « Le Constitutionnel » du 19 avril 1843.

(13) Paul Marillier. Voir supra.