Lucien BLIN

(1879-1970)
Photographe d'atelier
1 photographie

Saint-Sauveur-en-Puisaye Yonne


Fils d’un charron, Lucien Arthur Blin est né le 21 novembre 1879 (1) à St Sauveur-en-Puisaye (Yonne). Bon élève, après avoir obtenu son certificat d’études en 1893, il poursuit ses études pendant deux ans au cours complémentaire puis travaille chez un artisan menuisier de sa commune.  En 1899, le conseil de révision le juge trop faible de constitution pour faire son service militaire, il est ajourné deux années de suite puis affecté aux services auxiliaires.

Le 15 avril 1900, l’exposition universelle de Paris -la cinquième organisée dans la capitale- ouvre ses portes au public. En l’espace de six mois, elle accueillera plus de 50 millions de visiteurs dont Lucien Blin. On suppose que le jeune homme s’est attardé à la section de la photographie où étaient réunis les photographes professionnels et amateurs, les fabricants de matériels et les opticiens. Il reviendra dans l’Yonne les bagages chargés de plaques photographiques et d’une documentation technique dont il pourra faire profiter les autres amateurs de Saint-Sauveur. Ils étaient assez nombreux pour créer un photo-club. Pendant deux ans, Lucien Blin participe aux travaux du club. En 1902, quand il s’en sent capable il quitte le rang des amateurs et devient le photographe professionnel de sa commune où l’on avait recensé 1 725 habitants l’année précédente. 

Pour faire ses portraits en atelier, Lucien Blin utilise une chambre photographique 18x24 cm. Mais à chaque fois qu’il doit aller photographier une noce dans les environs, il transporte son matériel sur sa bicyclette. (2) C’est aussi à vélo que Blin parcourt les villages de la Puisaye pour prendre des vues qu’il commercialisera sous forme de cartes postales. Associé à un commerçant de Saint-Sauveur, il en éditera plusieurs centaines. (3) Le 23 septembre 1905, âgé de 26 ans, le photographe épouse Adrienne Habé, institutrice et fille d’un gendarme à cheval. Leur fille unique, Lucienne, naîtra l’année suivante.  En novembre 1914, l’enfant voit son père préparer son barda avant de partir au front. Bien que cardiaque, il doit rejoindre le 37e régiment d’infanterie ; six mois plus tard il est affecté à une section d’infirmiers. Démobilisé le 26 février 1919, il reprend son travail de photographe dans son atelier de la place du Grand-Jeu. Deux ans plus tard, Lucien Blin et son épouse achètent une maison rue des Gros-Bonnets avec un jardin où le photographe aménagera son nouvel atelier. En 1939, Lucien Blin met fin à sa carrière et vend son fonds de commerce à Roblin, photographe à Saint-Fargeau. Mais quand celui-ci est emprisonné pendant la guerre, Lucien Blin le remplace. En 1945, il fait le portrait d’un groupe de FFI de Saint-Sauveur, sa dernière photo en tant que professionnel.

Pendant sa longue retraite, Lucien Blin pourra pratiquer la photographie en amateur et faire des portraits de ses cinq petits-enfants. Il est mort le 31 mars 1970 ; celui que le conseil de révision avait jugé trop faible pour faire un bon soldat aura vécu 91 ans.

Cette notice doit beaucoup à Patrick Meyer, arrière-petit-fils du photographe, qui préside l’association « Les enfants de Lucien Blin photographe ». Des agrandissements de plusieurs dizaines d’épreuves du photographe seront exposés à Saint-Sauveur-en-Puisaye du 26 au 29 avril 2023. D’autre part, Patrick Meyer en a sélectionné plus de 130 pour son livre « Lucien Blin, Photographe de la Puisaye à l’époque de Colette ».

Notes :

(1) Le père de Lucien Blin est venu déclarer la naissance de son fils le 22 novembre 1879 en précisant à l’officier d’état civil que sa femme avait accouché la veille, soit le 21 et non le 22 comme il est indiqué sur son acte de mariage.

(2) Lucien Blin obtiendra son permis de conduire en août 1924 et achètera une automobile Renault KZ qu’il utilisera pour ses déplacements professionnels.

(3) Pour l’édition de cartes postales, le photographe a travaillé avec Victor Mouchon, horloger-bijoutier, puis avec son successeur Louis Tournadre et enfin avec Mme Bergery qui tenait la maison de la presse.