Théodore ALLEGRET

(1874-1962)
Cultivateur, sabotier et photographe
1 photographie

Duras Lot-et-Garonne

Pierre -dit Théodore- Allégret est né le 15 mars 1874 à Villeneuve-de-Duras (Lot-et-Garonne) enfant tardif d’un couple de cultivateurs ; veufs tous les deux, ils s’étaient mariés en 1870. A sa naissance, son père Jean Allégret est âgé de 60 ans et sa mère, Marguerite Dupont, en a 43. Elle décèdera dix ans plus tard. Huit mois après avoir perdu sa femme, Jean Allégret, âgé de 71 ans, épouse en 1885 à Margueron (Gironde) une jeune veuve de 46 ans. Il mourra à Pardaillan (Lot-et-Garonne) en 1891.  Son fils Théodore, cultivateur, ne vivait plus avec lui.

Le 28 octobre 1892, âgé de seulement 18 ans, il épouse à Duras Marie Paulida Mayet, 15 ans révolus, fille d’un couple de cultivateurs chez lesquels ils vivront plusieurs années.   Après avoir été domestique agricole, Théodore est sabotier à Duras mais aussi photographe, le seul dans ce bourg de 1 500 habitants.  On ne sait comment il se forma à ce métier.  Le sabotier se sentit vite assez sûr de lui pour exposer ses travaux à Bordeaux puis à Tarbes en 1907 et même à Lyon en 1909. Au dos de ses portraits, il se targuera d’avoir reçu pas moins de 20 médailles d’or ou d’argent.  Cependant, Théodore Allégret était conscient que faire des portraits était moins rémunérateur que de fabriquer des sabots. (1) C’est ce qu’il fit jusque dans les années vingt et puis, la clientèle s’amenuisant, il redevint agriculteur. Pour faire leur portraits, les habitants de Duras ne s’adressaient plus à lui mais à un horloger-bijoutier, bientôt supplanté par François Guignard, peintre photographe.

Veuf depuis vingt-huit ans, Théodore Allégret est mort à Duras le 7 novembre 1962.

 

Source :

(1)  Sur le site Les passeurs de mémoire du pays de Duras, René Blanc raconte un souvenir de son grand-père. Il venait d’être élu au conseil municipal et avait demandé à son ami Théodore de venir chez lui faire un portrait de famille. Sur le coup de midi, Allégret avait débarqué avec dans sa carriole un bel appareil et son trépied. Le photographe avait fait poser l’élu, son épouse et leurs deux enfants dans le jardin puis était resté déjeuner. Au cours du repas, son ami l’avait titillé : « Tu vas faire fortune avec tes photographies ! »  Allégret lui aurait répondu : « Ca viendra peut-être !  Mais pour l‘instant, laisses moi continuer à faire des sabots, c’est plus prudent ! Sachez que je vends plus de sabots que de portraits ou de cartes postales ! Un portrait est fait à vie tandis que les sabots s’usent vite !  Pour moi, la photographie est une amusette, un petit à-côté tandis que mes sabots sont mes moyens de vivre. » Une amusette qui lui permettait de reproduire de belles choses.  C’est ainsi qu’une cliente du photographe, aux mœurs irréprochables, lui avait demandé de poser nue. Elle voulait offrir le cliché, à son mari qui devait s’absenter un mois afin « d’aviver continuellement le désir que mon corps lui procure ». Cette séance de pose avait dû s’ébruiter.. Selon les dires du photographe, trois ou quatre dames étaient discrètement venues se dévoiler devant son objectif.   

https://objectifduras.com/2020/05/11/les-passeurs-de-memoire-du-pays-de-duras-theodore-allegret-le-premier-photogr