Benjamin Louis TAILLIEZ

(1815-1882)
Daguerréotypeur puis photographe

Boulogne-sur-Mer Pas-de-Calais

Fils d’un distillateur d’eau de vie, Benjamin Paul Tailliez est né le 12 octobre 1815 à Saint-Omer (Pas-de-Calais). Bon élève, il intègre l‘école des arts et métiers de Châlons-sur-Marne où il obtient un diplôme d’ingénieur-chimiste. (1) Le 1er février 1842, il se marie à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais) où il est domicilié. Sur son acte de mariage, Benjamin Tailliez est sans profession mais, âgé de 26 ans, il devait déjà avoir acquis la formation artistique qui lui permettra de devenir un peintre boulonnais reconnu (1). En 1845, le jeune artiste ne présente pas moins de cinq tableaux à l’exposition organisée par la Société des amis des arts dont il est membre depuis 1843. (1)  Pour s’assurer un revenu plus régulier que la vente de ses toiles, Tailliez participe en 1847 à un concours organisé par la ville de Boulogne pour pourvoir un poste de professeur à l’école communale de dessin. Le jury jugeant ses dessins trop faibles, sa candidature ne sera pas retenue. Tailliez devra patienter encore trois ans avant d’être nommé dans cette école où il enseignera le dessin jusqu’en 1879. (1)

LE DAGUERREOTYPEUR : Artiste peintre et ingénieur chimiste, Benjamin Paul Tailliez  ne pouvait que s’intéresser  au daguerréotype. A Boulogne-sur-Mer, sous-préfecture de 31 000 habitants, la première démonstration aurait eu lieu en 1848. On suppose que Tailliez y assista. Cinq ans plus tard, en 1853, il ouvre dans sa ville un atelier de portraits au daguerréotype ; le second dans le département du Nord après celui de Lille. (2) Son atelier est dévasté par un incendie le 30 novembre 1855 : "Tout l’atelier et son précieux contenu, plusieurs daguerréotypes, un grand nombre de cadres et de plaques de métal, une quantité considérable de produits chimiques, en un mot, un matériel complet de photographie a été détruit en quelques minutes... Plusieurs voisins de M. Tailliez, touchés de la perte énorme que ce sinistre lui fait subir, ont ouvert immédiatement une souscription pour pouvoir prêter sans intérêt au malheureux artiste, une somme qui lui permette de se procurer immédiatement le matériel dont il a besoin pour continuer à exercer un art auquel il a déjà consacré vingt ans de son existence."

LE PHOTOGRAPHE : 1855 est une année charnière pour la photographie : les professionnels délaissent peu à peu la technique du daguerréotype au profit des épreuves sur papier dont ils peuvent tirer plusieurs exemplaires. Tailliez a-t-il profité de la destruction de son outil de travail pour se reconvertir ? C’est possible. Nous sommes peu documentés sur sa carrière de photographe à Boulogne-sur-Mer à laquelle il aurait mis fin  en 1866. (1). On sait seulement qu’il a travaillé un temps avec Achille Coeulte (1804-1888). L’un et l’autre étaient natifs du Pas-de-Calais et avaient longtemps pratiqué le daguerréotype ; peut-être se connaissaient-ils bien avant de s’associer. Les portraits qu’ils ont faits ensemble sont signés "Tailliez & Coeulte - Photographes. rue Neuve Chaussée, 26". C’est à cette adresse que Benjamin Paul Tailliez, professeur, était domicilié quand, veuf depuis un an, il s’est remarié le 5 septembre 1872. Par la suite, il déménagera place Navarin où il décèdera le 30 décembre 1882. Sur son acte de décès, il est qualifié de professeur de dessin en retraite.

Sources :

(1) Tardieu Jacqueline "Un peintre boulonnais du XIXe siècle. Benjamin Paul Tailliez" (Cahier du Vieux Boulogne - 1er semestre 1997).

(2) "160 ans de photographie en Nord-Pas-de-Calais" (2001).

(3) Gallica -  "La Presse" du 5 décembre 1855.