André NESSY

(1801-1868)
Opticien, daguerréotypeur et photographe
2 photographies

Caen Calvados

Lambert André Nessy est né le 10 janvier 1801 au Havre (Seine-Maritime) où son père Jean André Nessy, natif de Côme (Italie) était opticien. Il poursuivra sa carrière à Caen (Calvados) jusqu’à son décès en 1838. Son fils André lui succède. Pendant trente ans il sera opticien à Caen. (1) Cette profession le conduit à s’intéresser très tôt au daguerréotype. (2) Il fait son apprentissage de concert avec Clauss, jeune peintre décorateur, (3) qui avait été initié au daguerréotype par Montmirel, « l’un des meilleurs élèves de Daguerre ». (4)  Au printemps 1842, l’opticien fait aménager au-dessus de sa maison, rue des Petits-Murs, un belvédère dédié aux portraits au daguerréotype. Le premier à Caen et sans doute le deuxième en Normandie. (5) L’évènement se résume à quelques lignes dans « Le Haro » du 7 avril 1842 : « M. Nessy informe les personnes qui voudraient faire faire leur portrait au Daguerréotype qu’il vient de faire construire un petit pavillon, tout vitré, pour ce genre de travail, où l’on pourra poser à toute heure de la journée. Il fait le portrait en trente secondes, à l’ombre. Prix : 10 francs ». (6) Dès l’apparition du daguerréotype, les professionnels se sont acharnés à agrémenter d’une touche de couleurs des portraits jugés trop sombres. Est-ce la raison pour laquelle Nessy, en décembre 1843 fait venir à Caen « M. Abramovicz, connu avantageusement dans le monde artistique, sous le nom de Léon N. A. pour ses belles reproductions de portraits au daguerréotype, avec les couleurs... M. Abramovicz ne doit rester que peu de jours à Caen, où pendant son séjour il opérera avec M. Nessy, tous les jours depuis 10 heures jusqu’à 4 heures. » (7) On notera que l’opticien ne s’est pas contenté de mettre à disposition un local, il a secondé le portraitiste qui, en échange, lui aura appris à coloriser ses portraits. Quatre mois après le passage de Léon Abramowicz, Nessy, dans son atelier de la rue des Petits-Murs, fait des « portraits au daguerrotype avec les couleurs, en quelques secondes, même par un temps froid et humide. Prix 6 fr. et 10 fr. » (8) En décembre 1846, il insiste sur le fait que "la nouvelle préparation de couche sensible des plaques daguériennes", lui permet de faire les portraits "par les temps les plus sombres" et ajoute qu’il fait "les portraits des enfants de 5 ans et au-dessus en quelques secondes seulement". (9) En décembre 1849 l’ingénieur-opticien Nessy annonce un "grand rabais sur les portraits au daguerréotype". Le sixième de plaque coûtera 2 fr. 50 au lieu de 4 fr. et le demi-plaque avec encadrement que l’on payait 10 fr passe à 5 fr.  (10)  Après avoir opéré rue des Petits-Murs, Nessy transfère son atelier 16, rue Saint-Jean où il est recensé en 1861. A noter que toutes les épreuves signées Nessy rue Saint-Jean sont des vues de Caen. On suppose que le photographe avait renoncé à faire des portraits d’atelier laissant ce soin aux autres professionnels de la ville.

Agé de 67 ans, Lambert André Nessy est décédé à Caen le 19 juin 1868. Après sa mort, sa veuve continuera à vendre, sous la forme de carte album, les vues des monuments caennais qu’avait faites son mari.

Notes et sources :

 (1)   En 1846, Nessy met au point un baromètre à cadran de la plus petite dimension dont il vante les qualités dans le journal local : ;  "Depuis fort long-temps grand nombre de personnes avaient marqué le  désir d’avoir un baromètre qui n’occupât que très-peu de place dans les appartements, et qu’il fût facile de voir les changements de temps sans être  obligé de se déranger de place ou de monter sur une chaise pour lire les divisions de l’échelle barométrique, désagrément que l’on éprouve avec les baromètres à tube… »  Le baromètre de  Nessy "remplace les plus grands baromètres à cadran connus à ce jour, donne le changement du temps avec la plus grande exactitude : sa longueur totale 98 centimètres ; sa largeur, 16 centimètres. Il est orné d'un très beau thermomètre de comparaison" ("Le Haro" du 15 décembre 1846. Consultable en ligne sur Normannia). L’opticien caennais ne déposera pas de brevet pour son baromètre. Par contre, il déposera une demande en 1859 après avoir mis au point  « un pivot-agate pour boussole marine ».  Pour cette invention, il obtiendra un brevet de quinze ans que lui délivrera l’Institut national de la propriété industrielle (INPI - base brevets du XIXe siècle 1BB42598).

(2)   On ne sait si Nessy a assisté le 3 octobre 1839 à la première démonstration de daguerréotype à Caen faite par Alexis Betbeder devant un public choisi composé « de plusieurs des personnes de notre cité, le plus à portée d’apprécier le miraculeux effet de l’appareil ». (« Le Pilote du Calvados » des 2, 4 et 6 octobre 1839. Consultables en ligne sur le site des Archives départementales du Calvados)

(3)     Dans sa « Chronique de Caen » publiée en première page du « Haro » le 16 avril 1842 l’auteur, qui signe Ch. W., raconte son passage deux jours plus tôt dans l’atelier où Nessy et Clauss se livraient « aux expériences amusantes du daguerréotype ». (« Le Haro » du 16 avril 1842. Consultable en ligne sur Normannia.)

(4)     Charles Emile Montmirel sera à Paris l’un des premiers fabricants d’appareils pour daguerréotyper qu’il vendait 250 francs.  En 1841, il présente devant l ‘Académie des sciences un portrait exécuté à l’ombre en 12 secondes. (Quentin Bajac « Une branche d’industrie assez importante » L’économie du daguerréotype à Paris, 1839-1850 in « Le daguerréotype français. Un objet photographique ». Catalogue de l’exposition au musée d’Orsay. 2003).

(5)    En 1989, la Maison de la culture du Havre présente une exposition sur les débuts de la photographie en Normandie. André Nessy n’est pas mentionné dans le catalogue de l’exposition ; pas plus que le miniaturiste Andrieux qui, à Rouen, commence à faire des portraits au daguerréotype en février 1842, soit deux mois avant Nessy. Thiébaud Witz, grande figure de la photographie rouennaise, succédera à Andrieux en 1846. Auguste Autin débute sa carrière au Havre en décembre 1843 puis vient travailler à Caen. (Jean-Jacques Henry « Les débuts de la photographie en Normandie. 1989)

(6)     « Le Haro, national normand » du 7 avril 1842. Consultable en ligne sur Normannia.

(7)    « Le Haro, national normand » du 5 décembre 1843. Consultable en ligne sur Normannia.

(8)     « Le Haro, national normand » du 20 avril 1844. Consultable en ligne sur Normannia.

(9)     « Le Haro, national normand » du 10 décembre 1846. Consultable en ligne sur Normannia.

(10) « Le Haro - journal républicain » du 11 décembre 1849. Consultable en ligne sur Normannia.