Albert DUMAINE (Méphisto)

(1846-1896)
Photographe d'atelier
2 photographies

Arles Bouches-du-Rhône Paris Seine

Jean Albert Dumaine est né le 12 avril 1846 à Bordeaux (Gironde), fils de Françoise Fanny Dumaine, sans profession, et d’un père non dénommé. Entre 1867 et 1871, vivant à Paris, il sera condamné plusieurs fois pour vagabondage et escroquerie. (1) On suppose qu’il s’est formé au métier de photographe dans les ateliers de la capitale.

MEPHISTO EN PROVINCE : Pendant plusieurs années, Dumaine est photographe sous le nom de Méphisto dans le quart sud est de la France. Au dos de ses portraits, il se présente comme un opérateur breveté et reproduit les médailles qu’il aurait obtenues entre 1871 et 1874, notamment à l’exposition universelle de Lyon en 1872. Autant de trophées que Méphisto aurait été bien en peine de montrer à ses clients. Il n’a jamais exposé de photographies à Lyon mais c’est dans cette ville que sa compagne Sophie Chaix a accouché de leur fils Jules le 6 août 1872. (2). A ses débuts, Dumaine a plus le profil d’un itinérant que d’un sédentaire. Les rares portraits signés Méphisto, à l’enseigne « Aux Arts réunis » nous donnent des informations fragmentaires sur quelques lieux où il a travaillé : Gard, Hérault, Bouches-du-Rhône.

NIMES : Méphisto a opéré 26, boulevard du Petit Cours à Nîmes (il n’est pas recensé à cette adresse en 1876) avec une succursale à Aigues-Vives. Le portrait reproduit ci-dessous atteste qu’il s’était aussi déplacé à Vauvert, commune gardoise située à une vingtaine de kilomètres au sud de Nîmes.

LUNEL : Sur son site www.photo-carte.com, François Boisjoly reproduit deux portraits carte de visite faits à Lunel (Hérault), commune qui comptait 8 300 habitants en 1876.

SALON-DE-PROVENCE : Des portraits signés Méphisto ont été faits 34, boulevard de la Ferrage à Salon-de-Provence (Bouches du Rhône). (3)

ARLES : En 1881, Albert Dumaine, sa compagne et leur fils sont recensés au Plan du bourg – faubourg du Cirque- à Arles (Bouches-du-Rhône). Le photographe va y rester six ans. Les premières années, il continue à signer ses portraits Méphisto puis utilise son patronyme. Après des années d’errance, Dumaine souhaite se sédentariser à Arles. En 1886, il achète une parcelle au Plan du Bourg sur laquelle il fait bâtir une maison et un atelier de photographie. (4) Est-ce cela qui l’a conduit à la faillite ? La liquidation aura lieu le 19 août 1887. (5) L’atelier sera repris par le photographe avignonnais Louis Toussaint, gendre de Carlos Braun. A la date de la vente, le 29 septembre 1888, Albert Dumaine est déjà reparti à Paris.

PARIS : En 1890 environ, il s’installe rue Cadet où il est rejoint par son fils. Au dos de leurs portraits, Dumaine & Fils se réfèrent à une fantomatique "Académie artistique de photographie" et se présentent comme les "Photographes du Ministère & de l’Exposition permanente des Colonies".(6 ) Cela n’empêchera pas Dumaine de faire à nouveau faillite en avril 1895. (7) Ensuite, le père et le fils vont travailler quelques mois ensemble dans un atelier situé 51, rue Vivienne. C’est là qu’Albert Dumaine est décédé le 22 février 1896 à l’âge de 49 ans. Après la mort de son père, Jules travaillera encore deux ou trois ans rue Vivienne. Les portraits faits à cette adresse font toujours mention de l’Académie artistique de photographie mais sont signés Dumaine et non Dumaine & Fils.

Sources :

(1) Marc Durand "De l’image fixe à l’image animée 1820-1910" Archives nationales (2015)

(2) Il sera reconnu et légitimé par ses parents qui se sont mariés à Paris (5e) le 5 janvier 1893.

(3) Jean-Marie Voignier "Répertoire des photographes de France au XIXe siècle " (1993)

(4) Archives départementales des Bouches-du-Rhône. Formalités hypothécaires (4Q3 bureau de Tarascon)

(5) Archives départementales des Bouches-du-Rhône. Tribunal de commerce d’Arles. 6U2 223

(6) Ouverte le 29 octobre 1895 dans le prolongement de l’exposition universelle, l’exposition permanente des colonies est installée dans le Palais de l’Industrie, avenue des Champs-Elysées, jusqu’à sa destruction en 1896. (Christelle Lozère. Le rôle de l’exposition permanente des colonies dans la diffusion de l’idée coloniale française. Gaïac, IUFM / ESPE MARTINIQUE, 2016, pp.33-44. hal-01935663) (7) Gallica - "Archives commerciales de la France" des 27 avril et 17 juillet 1895. Archives de Paris D.11U3 1573, dossier n°14767