Achille COEULTE

(1804-1888)
Daguerréotypeur puis photographe
7 photographies

Nancy Meurthe-et-Moselle Paris Seine

Fils d’un boucher, Dominique Joseph Achille Coeulte est né le 4 août 1804 à Hesdin, commune de 3 500 habitants du Pas-de-Calais. Son père la quittera et viendra à Paristenir un étal de boucherie sur le marché Beauvau. Plutôt que découper la viande, Achille préfèrera assembler le métal. Il est chaudronnier quand il épouse le 16 février 1833 Françoise Esther Clément, fille d’un orfèvre parisien. A noter que dans le tome XIV de la Correspondance générale de Pierre Joseph Proudhon, il est fait mention d’un Coeulte, chaudronnier de son état qui s’est fait photographe. "Un fort brave homme" selon Proudhon qui le connaissait depuis longtemps.

LE DAGUERREOTYPEUR

C’est en 1842 ou 1843 qu’Achille Coeulte devient daguerréotypeur professionnel à Paris où il travaillera successivement :

-          30, quai de la Grève (4e) ;

-          3, impasse d’Antin (8e) ;

-          1, boulevard des Filles-du Calvaire (3e) où sa présence est attestée en 1851 ;

-          29, rue Laffitte (9e) où il se serait installé au début de l’année 1854 (voir infra) ;

-          6, Petite rue Saint-Pierre-Amelot (11e) puis au 32 de cette rue.

 A l’instar d’autres collègues, Coeultel quitte souvent la capitale pour aller exercer son art en province, avec une prédilection pour la ville de Nancy où il fera de longs séjours. (1)

NANCY : Au début du mois de mai 1843, Coeulte, est à Nancy (Meurthe-et-Moselle). Dans le jardin de la rue-Sainte-Catherine, il fait ses premiers « portraits au daguerréotype inaltérables, fixés au chlorure d’or sur plaqué d’argent, à l’ombre, le soleil n’étant pas nécessaire à l’opération ».  La presse locale s’en fait l’écho : « le sieur Coeulte, professeur de daguerréotype, à force de travail et de persévérance, est parvenu à obtenir des résultats aussi satisfaisants que possible ; il reproduit en quelques secondes les portraits de famille…  Ressemblance garantie à 8 et 12 Fr par personne, selon la grandeur ; les groupes se paieront 6 Fr par tête ».  Pour appâter le client, Coeulte dans sa publicité insiste sur le fait.  qu’il ne s’arrêtera que fort peu de temps à Nancy ».(2)  « Fort peu de temps » ? c’était vite dit. Il restera cinq mois à Nancy. Coeulte quitte la ville en octobre (3) et y revient en mai 1844. Ce second séjour devait lui aussi être très court sauf que le mauvais temps l’empêchant de satisfaire les nombreuses demandes qui lui avaient été adressées, il opérera rue Sainte-Catherine jusqu’en août. (4) La météo lorraine étant décidément contrariante, Coeulte, quand il débarque à Nancy en mai 1845 promet « aux amateurs du beau, des portraits d’une réussite rare, et cela quel que soit l‘état du ciel (sont exceptés, bien entendu, les jours pluvieux). (5)  Et cet été-là, il y en eut un certain nombre. Au chômage technique, Coeulte emploie ses loisirs forcés "à des expériences dont le résultat lui permet d’obtenir, en trois secondes, d’une manière satisfaisante, les portraits d’enfants et de grandes personnes à qui la vivacité de la lumière empêche de poser longtemps". (6) En mai 1847, Coeulte s’est trouvé un nouveau lieu pour opérer : la maison d’un marchand d’objet d’art et d’antiquité où il était plus abri des intempéries. Le prix de ses portraits a fortement diminué : 5 F au lieu de 8 deux ans plus tôt. (7)

VANNES :  En avril 1845, arrivant de Paris, il est à Vannes (Morbihan) où « sans l’intervention du Soleil » il fait des portraits au prix de 8 F.  Dans le journal local, Coeulte vante la qualité de son travail :  "Jusqu’à présent on n’avait pu obtenir les images que sur des fonds généralement ternes, bleuâtres et souvent salis ; le dessin, faiblement détaché sur des fonds rembrunis, ne laissait apercevoir que des formes tristes, mollement arrêtées et par conséquent désavantageuses pour la physionomie. Aujourd’hui M. Coeulte est parvenu, à force de travail et de persévérance, à reproduire des portraits sur des fonds blancs, comme les plus belles gravures, aussi le daguerréotype n’a plus le don funeste de maltraiter et de vieillir des physionomies pleines de jeunesse et de beauté". A Vannes, Coeulte a installé son laboratoire en un lieu peu banal : la tour de la Porte-Prison. Il accueille ses clients à l’entrée ainsi "les personnes n’auront pas à craindre d’être vues". (8)

ABBEVILLE : En mai 1846, « l’artiste photographe » est à Abbeville (Somme) où il reviendra en juillet. Il opère » dans une maison particulière non habitée de 6 heures du matin à 5 heures du soir » Le prix des portraits est de 5 F et au-dessus, selon la grandeur ». (9)

CONDAMNE POUR CONTREFACON

Le 17 février 1851, un huissier se rend au domicile d’Achille Coeulte, daguerréotypeur demeurant 1, boulevard des Filles-du-Calvaire à Paris. Il y saisit plusieurs lots de plaques argentées. Elles l’ont été en utilisant les procédés mis au point par Georges Richard Elkington dont la société Charles Christofle était propriétaire. Les plaques saisies chez Coeulte seraient la preuve d’une contrefaçon. En première instance, les 7 mars et 11 avril 1851, le tribunal correctionnel de la Seine, condamne Coeulte à verser 1 000 F de dommages-intérêts à la société Christofle ; somme réduite à 100 F après qu’il a fait appel du premier jugement. (10)

LE PHOTOGRAPHE

NANCY : Après plusieurs années d’absence, Coeulte revient à Nancy au printemps 1853. Cette fois-ci les Lorrains qui viendront poser dans l’atelier qu’il a ouvert rue Primatiale derrière la cathédrale auront le choix entre un portrait au daguerréotype ou une photographie sur papier. D’emblée, Coeulte prévient « les personnes qui auraient le désir d’avoir le leur sur papier de s’y prendre quelques jours d’avance ; ceci nécessitant plus de travail que ceux sur plaque ». (11) Et du travail, Coeulte n’allait pas en manquer. Alors qu’il avait fixé son départ au 15 septembre 1853, il prolongea son séjour d’un mois. (12) On imagine que ses épreuves sur papier avaient obtenu beaucoup plus de succès que les « portraits sur plaque et en couleur d’une belle perfection » qu’il vantait dans la presse locale.

PARIS : En 1854, il renonce à revenir à Nancy et invite les Lorrains de passage à Paris à venir le voir dans le nouvel établissement qu’il vient d’ouvrir 29, rue Laffite. (13) Cette année-là, le 17 octobre 1854, le maréchal de Saint-Arnaud, décédé du choléra sur le bateau qui le ramenait en France après avoir remporté la bataille de l’Alma en Crimée, eut droit à des funérailles nationales. Coeulte s’installa avec son matériel sur le boulevard où passait l’impressionnant convoi funèbre. Il fit quelques vues instantanées qu’il envoya au journal "La Lumière".

MEAUX : Malgré l’ouverture progressive d’ateliers dans les grandes villes, Coeulte poursuit ses tournées hors de la capitale.  En avril 1859, il est de passage à Meaux (Seine-et-Marne) et se propose d’y revenir à l’automne. (14)

TOURS : Au printemps 1860, il est avec sa fille à Tours (Indre-et-Loire) où il fait des "Portraits en photographie, noirs et couleurs". "Le Journal d’Indre-et-Loire", daté du 25 avril 1860, le présente comme "Un des doyens de la photographie, M. Coeulte, bien connu dans la capitale par ses longues recherches pour l’aménagement des portraits est de passage à Tours..." Mlle Coeulte, artiste peintre, accompagne son père : "Les dames la trouveront pour s’entendre à l’avance pour les toilettes les plus avantageuses". (15)

BOULOGNE-SUR-MER : On ignore à quelles dates précises, Achille Coeulte a partagé l’atelier de Benjamin-Paul Tailliez, photographe 26, rue Neuve-Chaussée à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais).

PARIS : Coeulte a travaillé à Paris jusqu’au début des années 1870.  C’est sans doute la guerre franco-prussienne ou la Commune qui l’ont poussé à s’installer en province.

L’AIGLE : Le 22 novembre 1872, quand sa fille Emilie Esther se marie, Achille Coeulte, âgé de 68 ans, est photographe à L’Aigle (Orne), Il est recensé dans cette e commune de 5 300 habitants en 1876. (16) Le photographe sexagénaire n’a pas dû faire beaucoup de portraits. dans cette ville de 5 300 habitants.

En 1881, Achille Coeulte, rentier, vit  avec son épouse à Chatou (Yvelines)  chez son frère  Henri qui décèdera quatre ans plus tard.

Octogénaire, Dominique Achille Coeulte est décédé le 2 juin 1888 à l’hospice de la Reconnaissance à Garches (Hauts-de-Seine). Cet établissement de bienfaisance, fondé par Michel Brezin en 1833, était destiné en priorité aux ouvriers forgerons, serruriers ou mécaniciens sexagénaires et sans ressources.

Sources :

(1)  Christian Debize – « La Photographie à Nancy au XIXe siècle » - thèse de doctorat. 1982.

(2) « Le Journal de la Meurthe et des Vosges » du 8 mai 1843. En ligne sur le Kiosque lorrain. www.kiosque-lorrain.fr

(3) « Le Journal de la Meurthe et des Vosges » du 7 octobre 1843. www.kiosque-lorrain.fr

(4) « Le Journal de la Meurthe et des Vosges » du 14 août 1844. www.kiosque-lorrain.fr

(5) « Le Journal de la Meurthe et des Vosges » du 15 mai 1845. www.kiosque-lorrain.fr

(6) « L’Espérance - Courrier de Nancy » du 4 septembre 1845. www.kiosque-lorrain.fr

(7) « L’Espérance – Courrier de Nancy » du 22 mai 1847.  www.kiosque-lorrain.fr

(8) « Le Morbihan » des 12 et 19 avril 1845. En ligne sur le site des Archives départementales du Morbihan.

(9) RetroNews « Le Journal d’Abbeville » du 21 juillet 1846.

(10) RetroNews « Le Droit » des 10 août 1851 et 4 juillet 1852.

(11) « L’Espérance – Courrier de Nancy » du 28 mai 1853. www.kiosque-lorrain.fr

(12) « L’Espérance – Courrier de Nancy » du 11 septembre 1853. www.kiosque-lorrain.fr

(13) « L’Espérance – Courrier de Nancy » du 18 mars 1854. www.kiosque-lorrain.fr

(14) RetroNews « Le Journal de Seine-et-Marne » du 30 avril 1859.« 

(15) « Le Journal d’Indre-et-Loire » du 25 avril 1860. En ligne sur le site des Archives départementales d’Indre-et-Loire.

(16) « Images révélées - 150 ans de photographies aux Archives de l’Orne ».

Notice mise à jour le 5 juin 2023.