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Constant ALGRET
(1878-1963)
Photographe d'atelier, éditeur de cartes postales
7 photographies
Constant Ambroise Algret est né le 10 mars 1878 à Châtillon-sur-Indre (Indre) où son père était jardinier Par la suite, ses parents quittent l’Indre et s’installent à Balesmes (Indre-et-Loire), commune limitrophe de La Haye-Descartes (1) où se trouvait une importante papeterie. Dès sa sortie de l’école à l’âge de douze ou treize ans, (2) Constant travaille. Il est gardien d’oies, ouvrier dans une biscuiterie industrielle en région parisienne et préparateur de pharmacie. Quand il passe devant le conseil révision, il est valet de chambre d’une princesse russe à Paris. Ajourné pour faiblesse en 1899, il est déclaré bon pour le service l’année suivante. Après avoir passé deux ans dans un régiment d’infanterie, il revient en octobre 1902, à La Haye-Descartes. Il y sera artiste peintre mais surtout photographe
PHOTOGRAPHE A LA HAYE-DESCARTES : A priori, rien ne destinait Constant Algret à faire une carrière artistique. Si ce n’est qu’à Paris le petit gardien d’oies avait découvert un monde bien plus vaste que celui de l’école communale. Pour se cultiver, il avait fréquenté les théâtres et l’opéra en tant que placeur et claqueur. S’étant découvert un bon coup de crayon, il ne se privait pas de croquer ses amis et ses voisins. Un talent qu’il allait cultiver pendant les deux années de son service militaire. Son capitaine qui l’avait remarqué lui demanda même de faire le portrait de son épouse et de ses enfants et lui permit de suivre les cours de dessins à l’école des beaux-arts. (3) C’est ainsi que Constant Algret, de retour à la vie civile, plutôt que d’aller comme tant d’autres, travailler à la papeterie, choisit d’être artiste peintre. Mais au début du XXe siècle, à La Haye-Descartes (1 638 habitants en 1906) comme partout ailleurs, les photographes avaient plus de succès que les artistes-peintres. Un voisin de Constant Algret, médecin qui pratiquait la photographie en amateur, lui apprit à se servir de son appareil et lui confia son matériel. De là à devenir photographe professionnel, il n’y avait qu’un pas que l’artiste peintre franchira avec aisance. Le 6 juillet 1904, quand il se marie à Balesmes, Constant Algret est photographe. Son atelier est situé 41, rue Saint-Georges (4) à La Haye-Descartes. Il le quitte à chaque fois qu’il part photographier un ou plusieurs groupes de noces dans les villages environnants. Ne possédant pas encore de véhicule, il doit enfourcher sa bicyclette lestée de tout son matériel. Comme d’autres professionnels à cette époque, Algret va éditer beaucoup de cartes postales de La Haye-Descartes et du sud de la Touraine. Sa carrière s’interrompt brutalement durant l’été 1914 quand le photographe, âgé de 36 ans et père de deux enfants, doit partir au front. Il confie les clés de son atelier à son épouse qui l’avait toujours épaulé. Mobilisé le 7 août il rejoint le 66e régiment d’infanterie puis sera versé au 68e. Agent de liaison, il fera preuve d’un grand courage quand il devra transmettre « sous un violent feu de mitrailleuses » les instructions de son chef de bataillon aux soldats en première ligne. Démobilisé le 31 janvier 1919, le photographe retrouve le chemin de son atelier que son épouse avait tenu seule pendant toute la guerre.
Quand son métier lui en laisse le temps, ce n’est à plus à la peinture qu’Algret se consacre mais à la paléontologie. Il habitait non loin du Grand-Pressigny, haut lieu de la taille du silex au Néolithique. Lors de ses déplacements professionnels, les paysans qui le connaissaient lui signalaient les champs qui venaient d’être labourés où il cherchait des pierres taillées pour compléter sa collection d’outils préhistoriques. Sa passion pour la paléontologie le conduisit à entrer en relation avec l’abbé Breuil (1877-1961) qui a révolutionné les études sur la préhistoire.
Après avoir exercé son métier pendant quarante ans à La Haye-Descartes, Constant Algret cédera son fonds de commerce en juin 1942 à son fils Jean (1910-1985). Dès lors, il délaissera complétement la photographie et la paléontologie et ne s’intéressera plus qu’à son jardin. Il est mort à La Haye-Descartes le 1er octobre 1963 à l’âge de 85 ans.
Deux frères de Constant ont été photographes : Georges Algret, au Grand Pressigny (Indre-et-Loire) et Eugène Algret à Aubigny-sur-Néré (Cher).
Cette notice n’est que le résumé d’une intervention de Jean-Claude Frappier, petit-fils de Constant Algret, aux journées du patrimoine organisées en septembre 2020 par Sylvie Pouliquen, responsable de la maison-musée René-Descartes
Notes :
(1) Le philosophe René Descartes est né en 1596 à La Haye-en-Touraine, paroisse située au sud de la Touraine. La commune a pris le nom de La Haye-Descartes sous la Révolution. Elle est dénommée Descartes depuis 1967, année de la fusion avec la commune de Balesmes.
(2) Les lois Ferry sur l’enseignement public avaient rendu l’instruction obligatoire pour les enfants âgés de six à treize ans ; ceux qui avaient obtenu le certificat d’études pouvaient partir avant l‘âge limite.
(3) Constant Algret a fait son service militaire au 13e régiment d’infanterie en garnison à Bourges (Cher) où une école des beaux-arts avait été créée en 1881.
(4) En 1926, la rue Saint-Georges est devenue la rue du Commerce.